En bref
Malgré plusieurs décennies de recherche aucun traitement n'a encore permis d'améliorer la santé des personnes touchées par la maladie.
Cependant, plusieurs découvertes majeures ont changé définitivement la manière d'appréhender la maladie par les pionniers de la médecine intégrative :
- La plaque amyloïde est un mécanisme de défense de notre système immunitaire inné contre des agressions.
- Il n'y a pas une, mais plusieurs maladies d'Alzheimer.
- Les facteurs environnementaux et comportementaux jouent un rôle important sur la survenue et l'évolution de la maladie.
Il nous est donc possible d'agir préventivement en comprenant mieux cette maladie et ses causes.
La maladie d'Alzheimer est l'un des grands défis médicaux de notre époque. Cette pathologie neurodégénérative est la forme la plus courante de démence et son incidence dans la population ne cesse de croitre.
Il y aurait actuellement en France 900 000 personnes touchées et ce nombre pourrait doubler d'ici 2040. Comme pour le diabète et le syndrome métabolique les prévisions ne sont pas bonnes.
La maladie d'Alzheimer fait peur. Un sondage français de 2017 a révélé qu'elle était la deuxième maladie la plus crainte derrière le cancer à égalité avec l'accident vasculaire cérébral, qui touche lui aussi le cerveau.
Un autre sondage mené chez nos voisins suisses cette fois, concernant les craintes autour de l'épidémie de coronavirus montre que les conséquences des maladies mentales sont d'avantages perçues comme un danger pour la société (63%) que les pandémies (39%), car d'après les sondés on comprend trop peu ce type de maladie.
Et pour cause, le diagnostic de la maladie d'Alzheimer est terrible. L'espérance de vie des malades est de 4 à 12 ans selon que la maladie progresse plus ou moins rapidement.
Le problème qui se pose pour notre société où la part des personnes âgées ne cesse de progresser est celui de la dépendance, ou comment accompagner au mieux la personne et sa famille.
Qu'est-ce que la maladie d'Alzheimer?
La maladie d'Alzheimer se caractérise par l'apparition de deux manifestations.
D'une part, les plaques amyloïdes. Elles ont été identifiées par Alois Alzheimer au début du XXème siècle. Il est possible de les observer des années avant que les symptômes neurologiques surviennent. Pourtant, il n'a jamais eu de consensus sur le lien causal de ces plaques sur les symptômes observés, car de telles plaques ont également été observées dans le cerveau de personnes qui n'ont jamais manifesté de démence dans leur vieux jours.
Parallèlement, la dégénérescence neurofibrillaire. C'est la détérioration de la structure interne des neurones. Celle-ci a lieu au niveau des microtubules qui servent à apporter les nutriments du coeur de la cellule vers l'extrémité de son prolongement, l'axone et conduit à la mort cellulaire.
Plus globalement, le cerveau des personnes atteintes de la maladie subit un rétrécissement progressif.
Les hypothèses historiques de la maladie
L'hypothèse cholinergique
Le système cholinergique est impliqué dans les mécanismes de mémorisation et de cognition. Son dysfonctionnement a été décrit il y a plus de 30 ans comme un processus dégénératif primaire capable d'endommager sélectivement des groupes de neurones dit cholinergiques. Ces neurones se situent plus particulièrement dans les régions qui jouent des rôles fonctionnels importants dans la conscience, l'attention, l'apprentissage, la mémoire et les processus mnémotechniques 2.
En effet, chez les personnes malades d'Alzheimer la baisse de l'activité cholinergique est proportionnelle à la densité des altération neurofibrillaires et à la sévérité de la maladie.
Chaque progrès de la science en matière d'imagerie et de détection des molécules ont confirmé cette association et pourtant tous les essais de traitements ont été un échec.
L'hypothèse de la cascade amyloïde
La plaque amyloïde est formée par une protéine appelée protéine béta car elle elle résulte de l'agrégation de peptides (fragments de protéines) béta. Ces peptides sont issus d'une protéine précurseuse, l'APP (pour Amyloid Precursor Protein) qui se situe dans la membrane même des neurones.
Dans l'hypothèse de la cascade amyloïde émise en 1992 par Hardy et Higgins, c'est l'accumulation de protéines béta, le principal composant des plaques, qui est considéré comme l'initiateur de la maladie et toutes les autres manifestations physiologiques telles que la dégénérescence neurofibrillaire, la dégénérescence synaptique, la mort cellulaire, la neuroinflammation en sont les conséquences 3.
La plaque amyloïde étant considérée comme une production pathologique les traitements se sont concentrés sur sa réduction en agissant à différents niveaux. En vain, les résultats sur l'homme ont toujours été décevants.
Les avancées génétiques ont plusieurs fois réaccrédité l'hypothèse de la cascade amyloïde :
- Une mutation du gène codant l'APP chez certaines personnes touchées par la maladie d'Alzheimer et qui induit une composante familiale de la maladie pour ces individus.
- Une forte proportion de personnes ayant le syndrome de Down, une maladie génétique impliquant le chromosome porteur des gènes codant l'APP, présentent des signes précoces de démence.
- Diverses interventions génétique sur les gènes codant l'APP sur des souris et qui ont présenté les symptômes de la maladie.
Tout comme de nombreuses preuves se sont également opposées à l'hypothèse de la cascade amyloïde :
- La grande majorité des malades sont touchés par la forme dite sporadique de la maladie (à l'opposée de la transmission familiale de la maladie). Bien qu'ils présentent également des plaques et des enchevêtrements neurofibrillaires, il n'est pas possible de conclure que la forme familiale et la forme sporadique partagent les mêmes causes.
- Il a été constamment démontré que l'accumulation de la plaque amyloïde n'est pas corrélé avec la perte neuronale et le déclin cognitif. De nombreux individus ayant une charge importante de plaque amyloïde ne présentent aucun symptôme.
Les nouvelles perspectives
La plaque amyloïde, un mécanisme de défense inné
Depuis la découverte du peptide béta en 1984, les recherches se sont focalisées exclusivement sur son rôle pathologique. Pourtant dès 1990, il a été démontré que ce peptide est indispensable au développement neuronal 4.
Un grand nombres de publications récentes décrivent une réalité beaucoup plus complexe concernant la plaque amyloïde. Le peptide béta et la plaque amyloïde seraient donc un mécanisme de réponse inné aux agressions 5.
Des scientifiques ont démontré le caractère antimicrobien du peptide béta sur 7 bactéries communes ainsi que sur le Candida Albicans 6.
Une autre équipe a montré que le peptide béta était capable d'inactiver le virus de la grippe A et de moduler positivement l'action des phagocytes en réponse au virus 7.
Deux travaux distincts sur les souris ont démontré que la plaque avait la capacité de se combiner au virus de l'herpès 8,9. Ces résultats ont été confirmés chez l'homme en utilisant un modèle 3D de réseau de neurones 10.
« Il ne fait aucun doute que la plaque amyloïde est une neurotoxine,
la surprise vient du fait que c'est aussi un protecteur du neurone [...] Il existe une multitudes d'agressions et de changements métaboliques qui conduisent à son apparition [...] Certaines personnes en ont et cela les protège. »
Dr. Dale Brendesen
Ainsi donc toutes sortes d'agressions à même de provoquer de l'inflammation, telles qu'un intestin poreux (leaky gut) laissant passer les protéines, une infection virale même dormante, certaines bactéries comme P.gingivalis dont on sait qu'elle passe la barrière encéphalique ou celles de la maladie de Lyme, des levures, des parasites, l'accumulation de métaux lourds, peuvent déclencher la production de plaque amyloïde.
Alzheimer, un diabète de type 3
« Lorsque j'ai commencé a étudier les publications pour ma thèse j'ai été choquée de découvrir qu'il y avait un lien entre glucose, insuline et maladie d'Alzheimer. C'était très bien documenté. »
Amy Berger