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La glycine, acide aminé connu comme composant des tissus conjonctifs tels que le collagène, la kératine et l'élastine, possède un rôle qui va bien au-delà de la simple structure. Elle intervient au centre du métabolisme énergétique, régule des voies clés de l’inflammation, et se retrouve ainsi intimement lié à la santé du cœur et des artères.
La glycine, acteur majeur du métabolisme
La glycine est le plus petit des acides aminés.
Et pourtant, cette molécule toute simple joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement de notre organisme.
Elle ne fait pas que construire des protéines : elle fournit les briques chimiques nécessaires à la fabrication de plusieurs composés vitaux :
- le glutathion, principal antioxydant intracellulaire, qui protège nos cellules et leurs composants du stress oxydatif ;
- la créatine, qui soutient la production d’énergie rapide dans les muscles et le cerveau ;
- l’hème, le pigment rouge du sang essentiel au transport de l’oxygène mais aussi à la détoxification cellulaire ;
- et les bases de l’ADN et de l’ARN, qui portent notre code génétique et assurent la régénération cellulaire.
Autrement dit, la glycine agit comme une matière première, alimentant les grandes usines métaboliques de notre corps pour maintenir son énergie et sa résistance face au stress oxydatif.
Quand la glycine manque, le métabolisme se dérègle
Des études de population ont montré que les personnes ayant les taux sanguins glycine les plus bas présentent un plus fort risque de syndrome métabolique, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires1.
Même si nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que la baisse des taux de glycine participe à l'installation du diabète de type 2, il est pertinent de noter que toutes les interventions qui inversent ou retardent l’apparition du diabète sont associées à une augmentation des concentrations plasmatiques de glycine : chirurgie bariatrique, régime alimentaire ou augmentation de l'activité physique.
La supplémentation en glycine améliore la réponse à l’insuline et la tolérance au glucose (39, 40).
Il y a donc un lien fort entre la glycine circulante et la santé métabolique.
Effets de la supplémentation en glycine
À l’inverse, un apport suffisant contribue à stabiliser la glycémie, réduire l’inflammation et protéger le métabolisme lipidique.
Dans une étude clinique menée sur 60 patients diabétiques, la prise de 5 grammes de glycine deux fois par jour pendant trois mois a réduit l’hémoglobine glyquée (HbA1c) de 8,4 % à 7,7 %.
Pour situer ces chiffres, une valeur est dite normale lorsqu'elle est inférieure à 5,7 %, tandis qu’un taux au-delà de 6,5 % est le signe d'un diabète mal contrôlé.
Cette amélioration s’est accompagnée d’une baisse de 25 à 30 % des cytokines inflammatoires (TNF-α et IL-6)2.
Ces effets s’expliquent en partie par l’action de la glycine sur la fonction énergétique des cellules, et plus particulièrement sur leurs mitochondries – ces minuscules centrales qui transforment les nutriments en énergie (ATP).
La glycine aide les cellules à mieux produire et à moins stocker
Des travaux expérimentaux ont montré qu’un apport en glycine améliore la respiration mitochondriale et stimule la biogenèse mitochondriale, c’est-à-dire la création de nouvelles mitochondries3.
Or, quand ces petites centrales s’épuisent – sous l’effet du stress oxydatif, de l’âge, du diabète ou d’une surcharge énergétique liée à l’excès alimentaire – les cellules n’arrivent plus à brûler correctement les graisses.
Ces lipides mal utilisés s’accumulent alors dans les tissus : c’est la lipotoxicité, un excès énergétique qui favorise inflammation, résistance à l’insuline et hypertension.
Chez des rats nourris avec un régime riche en sucres, la supplémentation en glycine a permis de réduire les acides gras libres en excès, diminuer la taille des adipocytes et abaisser la pression artérielle4.
Les chercheurs ont observé un profil métabolique plus sain, montrant que la glycine aide le corps à mieux utiliser ses graisses et à préserver la santé de ses vaisseaux.
La glycine protège le coeur de la lipotoxicité
Les effets métaboliques de la glycine prennent une importance particulière au niveau du cœur, un organe très dépendant des graisses pour produire son énergie.
Dans des conditions normales, le muscle cardiaque puise principalement dans les acides gras pour générer de l’ATP.
Mais lorsque les mitochondries s’épuisent — par excès de sucres, insulinorésistance ou stress oxydatif — ces graisses s’accumulent sous forme de lipides toxiques à l’intérieur des cellules cardiaques.
Ce déséquilibre favorise une inflammation du muscle cardiaque et affaiblit sa capacité de contraction, un mécanisme bien connu dans les maladies métaboliques du cœur5.
En soutenant la respiration mitochondriale et en améliorant l’utilisation des acides gras, la glycine contribue à prévenir cette surcharge énergétique délétère.
Elle favorise un métabolisme plus flexible, capable d’alterner entre glucose et lipides selon les besoins, et protège ainsi le cœur des effets de la résistance à l’insuline et de l’excès de substrats énergétiques.
Ce rôle de “régulateur du carburant cellulaire” fait de la glycine un allié métabolique précieux pour maintenir une énergie cardiaque stable et une fonction vasculaire optimale.
Un bouclier pour les artères
La glycine agit aussi directement sur la paroi artérielle.
Dans une étude de 20206, des rats diabétiques supplémentés en glycine ont conservé une structure aortique normale grâce à l’inhibition de la voie AGE/RAGE.
Les produits de glycation avancée (AGEs) se forment quand le sucre se fixe durablement sur les protéines, les rendant rigides et inactives.
En excès, ils déclenchent une inflammation chronique et un stress oxydatif qui accélèrent le vieillissement des vaisseaux.
La glycine intervient ici comme régulatrice métabolique : elle réactive une enzyme chargée d’éliminer le méthylglyoxal, un sous-produit toxique du métabolisme du sucre. Résultat : moins de glycation, moins d’oxydation, et des artères plus souples et plus résistantes.
En résumé
La glycine agit à plusieurs niveaux :
- elle stabilise la glycémie,
- soutient la production d’énergie cellulaire notamment dans le muscle cardiaque,
- réduit l’inflammation,
- et protège la paroi des artères contre le vieillissement oxydatif.
Effets anti-inflammatoires et protection endothéliale
La glycine n’agit pas seulement sur le métabolisme : elle joue aussi un rôle essentiel dans la régulation de l’inflammation, un processus étroitement lié à la santé cardiovasculaire.
Une inflammation chronique de bas grade fragilise la paroi des vaisseaux, favorise l’accumulation de graisses oxydées et accélère l’athérosclérose. En calmant cette activité inflammatoire excessive, la glycine contribue à préserver la souplesse et la réactivité des artères.
Son mode d’action est original. Contrairement à la plupart des nutriments, la glycine agit comme un messager chimique capable d’interagir avec un récepteur spécifique appelé GlyR (glycine receptor). Ce récepteur, bien connu dans le système nerveux pour son rôle inhibiteur, est également présent dans d’autres tissus : les adipocytes, les macrophages, les cellules de Kupffer du foie ou encore les neutrophiles.
Lorsque la glycine se fixe à ce récepteur, elle provoque une entrée d’ions chlorure dans la cellule, entraînant une hyperpolarisation de la membrane et une diminution de la réponse inflammatoire.
Ce mécanisme a été démontré dès le début des années 2000 : des chercheurs ont observé que la glycine inhibe la production de cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF-α et l’IL-6, tout en stabilisant les membranes cellulaires exposées à un stress oxydatif. Cette action passe notamment par la désactivation de la voie NF-κB, un véritable “interrupteur central” de l’inflammation cellulaire7.
Ces effets ne se limitent pas aux modèles in vitro. Dans des expériences animales, la glycine a montré sa capacité à réduire les lésions tissulaires liées à l’inflammation aiguë. Par exemple, lors d’un choc endotoxinique, où l’organisme subit une réponse inflammatoire intense, l’administration de glycine diminue la production de cytokines et améliore la survie8. De même, dans des modèles d’ischémie-reperfusion (lorsqu’un organe est temporairement privé d’oxygène puis réalimenté), la glycine limite les dommages oxydatifs et la mort cellulaire.
Sur le plan cardiovasculaire, ces mécanismes se traduisent par une meilleure protection de l’endothélium, la fine couche de cellules qui tapisse les vaisseaux. Un endothélium sain régule la pression sanguine, empêche la formation de caillots et contrôle l’entrée des lipides dans la paroi artérielle. L’inflammation chronique, au contraire, rend cette barrière plus perméable et pro-coagulante.
C’est dans ce contexte qu’un essai clinique récent, mené chez des patients hospitalisés pour COVID-19 sévère, a montré un effet intéressant de la glycine sur les marqueurs de coagulation. Bien que l’étude n’ait pas démontré d’amélioration des issues cliniques majeures, les chercheurs ont observé une diminution significative du taux de fibrinogène chez les patients recevant de la glycine9.
Or, le fibrinogène est une protéine du plasma indispensable à la coagulation : lorsqu’il est présent en excès, il épaissit le sang et augmente le risque d’accident vasculaire. Sa réduction témoigne donc d’une atténuation de l’état inflammatoire et pro-thrombotique.
Les risques d’une carence en glycine
Un apport insuffisant en glycine ne provoque généralement pas de maladie aiguë, mais ses effets à long terme sur le métabolisme et la santé cardiovasculaire sont de plus en plus documentés.
Comme nous l'avons évoqué, plusieurs études de cohorte ont montré qu’un taux plasmatique bas de glycine est un marqueur fiable du déséquilibre métabolique. Dans l’étude de Wang et al. (2013) portant sur plus de 2000 participants, les concentrations circulantes de glycine étaient significativement plus faibles chez les sujets atteints de résistance à l’insuline, de diabète de type 2 ou de syndrome métabolique, ce qui suggère un rôle préventif de cet acide aminé dans la régulation du glucose et des lipides10.
Cette carence fonctionnelle s’accompagne souvent d’une augmentation du stress oxydatif et de l’inflammation, deux moteurs majeurs du vieillissement vasculaire.
Des niveaux faibles de glycine sont associés à une élévation des marqueurs inflammatoires systémiques (CRP, IL-6, TNF-α) et à une altération de la fonction endothéliale, qui constitue le premier stade du processus athéroscléreux.
Chez les patients diabétiques ou obèses, une concentration réduite de glycine dans le plasma ou les tissus est également corrélée à une augmentation du risque d’hypertension et à une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque, indicateur de stress métabolique chronique 11,12.
Sur le plan biologique, le déficit en glycine compromet plusieurs systèmes protecteurs :
- la synthèse du glutathion, principal antioxydant cellulaire, est ralentie, ce qui augmente la vulnérabilité des cellules endothéliales aux espèces réactives de l’oxygène ;
- la fonction mitochondriale devient moins efficace, favorisant la lipotoxicité et la résistance à l’insuline ;
- et la détoxification du méthylglyoxal, précurseur des produits de glycation avancée (AGEs), est affaiblie, accélérant la rigidification des artères et la perte d’élasticité vasculaire.
Plusieurs travaux cliniques confirment cette convergence. Chez les sujets en syndrome métabolique, la supplémentation en glycine a permis de réduire la pression artérielle, les triglycérides et les marqueurs d’inflammation, tout en améliorant la sensibilité à l’insuline 13. Ces données suggèrent que la carence chronique en glycine contribue activement à la dysfonction métabolique et cardiovasculaire, en rompant les mécanismes naturels de défense antioxydante et de régulation énergétique.
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