Qu'est-ce que la résistance à l'insuline ?

Jean-Philippe par Jean-Philippe Leclère le

Quel point commun entre l'arthrose, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ? La résistance à l'insuline !

La résistance à l'insuline précède le diabète de type 2

Après un repas, votre glycémie augmente car le glucose issu de la digestion des glucides se déverse dans la circulation sanguine.

C'est la hausse de l'insuline qui indique aux cellules de stocker le glucose. Ce sont principalement les cellules des muscles, du foie et des tissus adipeux qui se chargent d'évacuer cet afflux de glucose. En situation physiologique normale, l'insuline agit correctement sur l'ensemble des cellules et la glycémie revient rapidement à ce qu'elle était avant le repas.

Lorsque certaines cellules deviennent résistantes à l'insuline, le pancréas  compense cette situation en produisant plus d'insuline pour garder le taux de glucose stable. Cette situation bien qu'anormale, est difficilement détectable avec les analyses de glycémie standard.

Lorsque la situation dégénère et que le pancréas d'une personne n'arrive pas à produire assez d'insuline pour obtenir que le glucose soit stocké, la glycémie devient anormalement élevée après les repas et au levé. On parle de diabète ou de pré-diabète.

Les symptômes de la résistance à l'insuline

Les premiers symptômes qui indiquent la résistance à l'insuline sont directement liés aux fortes variations de la glycémie :

  • Augmentation de la faim et des fringales,
  • Irritabilité, migraines,
  • Difficulté de concentration, brouillard mental…

Comme l'insuline a pour effet de faire baisser la concentration du glucose dans le sang, l'hyperinsulinémie qui accompagne l'insulino-résistance a pour conséquence de provoquer des épisodes d'hypoglycémie. Le plus courant est l'hypoglycémie réactionnelle. Il s'agit d'un grand coup de fatigue qui se produit deux heures après le repas lorsque l'insuline est en pleine action.

Résistance à l'insuline et hyperinsulinémie : deux faces d'une même pathologie

Lors de la résistance à l'insuline, certaines cellules ne répondent pas correctement à cette hormone et le corps compense en augmentant le taux d'insuline, c'est l'hyperinsulinémie. Mais durant le même temps certains tissus continuent d'être sensibles à l'insuline. Ces cellules doivent fonctionner dans un contexte d'insuline élevée.

Cette concentration élevée d'insuline au niveau de tissus normalement sensible à l'insuline  est la cause de dérèglements.

Au niveau vasculaire, l'hyperinsulinémie affecte négativement la production d'oxyde nitrique (NO) par les cellules endothéliales avec pour conséquence la moindre dilatation des artères et des artérioles1. À Ce phénomène vient s'ajouter l'effet rétenteur de sodium de l'insuline2. C'est pourquoi l'hypertension artérielle est fortement associée à la résistance à l'insuline.

Le syndrome des ovaires polykystiques, première cause d'infertilité chez la femme est également relié à l'hyperinsulinémie. Cette pathologie qui s'accompagne fréquemment d'acné, d'une hyperpilosité de type masculine et de règles douloureuses est la conséquence d'un taux élevé de testostérone. L'insuline élevée de manière chronique affecte la conversion de la testostérone en œstrogène en inhibant l'enzyme responsable de cette conversion. L'ovulation ne peut aller à son terme ce qui provoque l'accumulation de follicules immatures dans l'ovaire.

Vous l'aurez compris, la résistance à l'insuline et l'hyperinsulinémie qui l'accompagne affectent le corps de nombreuses manières, et ce bien avant qu'un diabète de type 2 ne se manifeste.

Gerald Reaven, père de la résistance à l'insuline

Souvent appelé le « père de la résistance à l'insuline », Gerald Reaven a cherché à établir le rôle crucial de la résistance à l'insuline dans les maladies humaines, en particulier le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Le thème central de ses contributions était que les états pathologiques associés aux maladies cardiovasculaires tels que les triglycérides élevés, l'hypertension artérielle et l'hyperglycémie ont une même cause, la résistance à l'insuline. Il a nommé cette constellation de conditions "Syndrome X", plus connu maintenant sous le nom de Syndrome Métabolique.

En savoir plus sur la résistance à l'insuline

L'enseignant-chercheur en bio-énergétique et spécialiste du métabolisme et de l'insuline, Ben Bikman (auteur du livre Why we get sick ) s'exprime sur la résistance à l'insuline et sur l'importance de rester sensible à cette hormone dans le podcast de Shannon Ritchey.